Comme une plaie toujours ouverte, cette affiche rouge sang, reste dans nos mémoires comme le symbole de l’une des plus ignobles injustices du XXème siècle.

Comment oublier ces gens venus d’ailleurs, formant un groupe dont l’occupant nazi et l’État français ont voulu donner un caractère spectaculaire à cette exécution.
IMG_3855.png Quelque temps avant d’être fauchés par les balles, ces résistants ont été filmés pour faire la une des actualités cinématographiques sous le titre «l’armée du crime ». Parmi ces 22 assassinés juste avant l’aube de la liberté le 21 février 1944, il y a 70 ans aujourd'hui, rappelons le nom de Rino Dela Negra qui fut un combattant exemplaire à plus d'un titre. IMG_3856.png Né Français en 1923 à Vimy, Issu d'une famille immigrée italienne, installée à Argenteuil en 1926. Passionné de football, le jeune Rino Dela Negra donna sa vie pour la France sans se poser la question de son identité nationale.
IMG_3860.png Rino s'engagera très jeune dans la résistance et concrétisera même cet engagement dans un réseau particulier, celui du 3e détachement italien des FTP-MOI de la région parisienne commandée par Missak Manouchian (la section main-d’œuvre immigrée des francs-tireurs et Partisans). IMG_3861.png Cette section d'autant plus stigmatisée des nazis et des collaborateurs, qu'elle était constituée d'étrangers, de ces « métèques » dont la propagande hitlérienne dénonçait la dégénérescence. Ce combat des immigrés contre le fascisme, paradoxalement, l'occupant l'immortalisera lui-même en tentant de le dénoncer. En effet, l'histoire a gardé en mémoire la tristement célèbre « affiche rouge » apposée par la propagande nazie sur tous les murs de la région parisienne. IMG_3862.png Loin de discréditer la résistance, cette affiche avec les visages de neuf d’entre eux, la galvanisa.

Non seulement elle apprenait à qui ne l'aurait pas encore su que des femmes et des hommes étaient prêtes à mourir pour la liberté de la France, mais que parmi eux il y avait_ des Hongrois, des Polonais, des Espagnols, des Arméniens des Hongrois, des Polonais, des Espagnols, des Arméniens des Italiens, dont le jeune Rino Della Negra.

Ce groupe, dit « Manouchian », du nom du poète combattant arménien qui en prit la direction, se livre à des attentats et des sabotages jusqu'à l'automne 1943 où il est démantelé par la police française, une brigade spéciale, qui est elle-même a l’origine de filature, de torture, avec l’aide de la police municipale de l’époque, ensuite donné à la Gestapo. IMG_3865.png Oui, c’est la police française qui est motrice dans l’affaire « Manouchian ».

Ils étaient jeunes pour la plupart, épris de liberté !, ils étaient communistes.

Le 21 février 1944, 22 membres du Groupe Manouchian sont transportés au mont Valérien et fusillé. La 23ème, une femme, la Roumaine Olga Bancic sera torturée puis décapitée à la hache en Allemagne. Tous tombent pour la liberté, tous tombent pour la France.

La leçon est forte, la défense des valeurs humanistes n'est ni une question de nationalité, ni une question de couleur de peau. En 1944, il y avait des Français qui collaboraient, en 1944 il y avait des immigrés qui combattaient pour la France.
IMG_3868.png Paul Eluard leur rendra hommage par un poème :

«Ces étrangers d'ici, qui choisirent le feu Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours. Un soleil de mémoire éclaire leur beauté.»

Cette leçon, retenons là et tirons-en les enseignements pour nos combats d'aujourd'hui.

La République n'est ni une question d'ancêtres gaulois, ni une question de couleur de peau, mais d'adhésion à un ensemble de valeurs qui fondent notre communauté nationale.

Le jeune Rino Della Negra a su porter haut ces valeurs. Il doit être un modèle pour les jeunes de notre région et un modèle de courage et de vie citoyenne. Il important pour nous communistes de préserver la mémoire de nombre de ces héros de l'ombre qui ont payé de leur vie leur combat pour la Liberté.
Rino_Plaque.png À l’heure où près de ce lieu (Vimy), la bête immonde prétend renaître de ses cendres… Jamais, peut-être, il n'a été aussi nécessaire de se rappeler le sens du sacrifice des « vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », « vingt et trois qui criaient la France en s'abattant », dont nous devons chaque jour nous montrer dignes. Les communistes de l’Arrageois et bien d’autres communes, sont aujourd'hui fières d'apporter leurs contributions au devoir de Mémoire qui s'impose à tous.

Discours et texte de: notre camarade René CHEVALIER - PCF ARRAS